Dépénaliser le travail

Finalement, le bonus-malus sur les contrats courts voulu par Emmanuel Macron est entré en vigueur; à notre grand désespoir. L’objectif de cette mesure qui viserait à « décourager » le recours  répétitif aux  CDD  laisse songeur. Le malus dont il est question n’est pas le vrai sujet, car son incidence dans les comptes de l’entreprise qui en serait victime est en réalité insignifiante.

Ce qui fait problème, c’est d’en rajouter dans un code du travail déjà et fort à propos décrié pour sa densité, sa complexité et son obésité! En rajouter à l’amoncellement  de lois, textes et règlements qui parfois se contredisent ou virent tout simplement à l’absurde n’est pas ce dont on a besoin, à l’heure où les analystes les plus avertis s’attendent à une  flambée du chômage, une fois que les béquilles prêtées par l’Etat seront retirées. On pensait entrer lestement dans le monde d’après, et nous voilà en avant vers le passé.

Halo négatif

Même si les entreprises ne seront pas nombreuses à souffrir de cette pénalisation des contrats courts, soit parce qu’elles ne vont pas embaucher ou parce que l’impact financier est faible, le dommage fait à l’économie sur un plan macro est dévastateur. En effet l’imprévisibilité et la créativité débridée des gouvernants en matière de droit fiscal et social notamment, a un effet répulsif sur les investisseurs, internes et externes.

Autant les grands groupes et autres ETI sont suffisamment outillés  pour décrypter les subtilités réglementaires et ainsi bien faire la part des choses, autant les entreprises de taille plus modeste, celles qui créent le plus d’emplois se limitent la plupart du temps aux effets d’annonce  et ajustent leurs comportements en conséquence. C’est ainsi que se renforce un effet de halo négatif sur l’environnement social français, décourageant cette fois-ci toute initiative.

A qui profite le crime?

Uniquement et seulement aux politiciens, qui ont besoin de donner un os à ronger au bétail électoral. Quelques grands patrons peuvent être rassurés dans les coulisses sur le faible impact de telle ou telle autre mesure annoncée avec énergie et conviction dans les médias , mais qui regarde les conséquences auprès des acteurs de la vie économique du quotidien ? Qui pense au dirigeant de PME qui ne voulant pas s’attirer les foudres de la loi, va annuler ses recrutements, et plutôt inciter aux heures supplémentaires ? Qui pense à ces jeunes sous-qualifiés ou surdiplômés en quête d’une première embauche ? Pourquoi mettre toutes ces entraves sur leur chemin vers l’emploi? Si le CDI est reconnu comme étant la norme en matière d’embauche;  pourquoi déployer autant d’énergie pour un si maigre résultat, alors même que les conséquences peuvent être dévastatrices ? Pourquoi continuer à entretenir l’idée que le recours aux contrats à durée limitée est le fait de patrons gourmands, alors que ce sont les rigidités de notre droit social qui en sont la cause première ? Comme nous l’évoquions déjà dans notre article Travail précaire, la seule réforme qui vaille concernant le marché du travail en France, c’est une cure d’amaigrissement de notre droit social ; il faut libérer le travail de tous ces fers inspirés par le bas instinct politique; libérer les parties afin qu’elles puissent contracter librement, dans la limite de ce qui est (véritablement) d’ordre public.

Droit du travail

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